Décès de Jalil GADANI, grand résistant kurde

mis à jour le Vendredi 7 août 2020 à 17h09

Nous apprenons avec une grande tristesse le décès de Jalil GADANI, figure de la résistance kurde iranienne, qui a succombé des suites de la COVID-19, le 6 août 2020, à l’âge de 86 ans à l’hôpital de Suleimanieh au Kurdistan.

Kak Jalil  était né en mars 1934 à Mahabad, la capitale de l’éphémère République du Kurdistan (janvier-novembre 1946). Cet événement a marqué sa vie et son engagement politique. Dès 1948, alors âgé seulement de 14 ans, il a rejoint le Parti Démocratique de Kurdistan (PDK) clandestin dont il fut un membre fidèle et actif sa vie durant.

Kak Jalil a passé 13 ans de sa vie dans des prisons iraniennes, notamment à Borazjan en raison de sa défense de la cause kurde et de son appartenance au PDK. Il fut même condamné à la peine capitale par les tribunaux militaires du régime monarchique d’Iran, peine commuée finalement en prison à vie.

Durant ses longues années de détention, il s’était mis à apprendre le français, qui bénéficiait alors d’un grand prestige de langue de culture en Iran.  C’est en prison qu’il a traduit plusieurs livres de la Comtesse de Ségur !

Une fois libéré, il entama des études universitaires et obtint une maîtrise de la langue et de la civilisation françaises à l’École des langues étrangères de Téhéran en 1972.

En juin 1978, kak Jalil fut arrêté et incarcéré à la prison d’Ourmia pour avoir prononcé un discours lors des funérailles de Aziz Youssefi, prisonnier politique kurde détenu pendant 25 ans, libéré sous la pression internationale et qui décéda un an après sa libération.

Kak Jalil fut un acteur politique et une figure importante de la société civile kurde pendant la révolution iranienne.

Avec l’aide de certaines personnalités kurdes, dont le regretté et célèbre avocat kurde Saremaddine Sadegh Vaziri, il créa l’Association des Kurdes résidant à Téhéran dont l’objectif était de soutenir la lutte politique des Kurdes afin d’obtenir une autonomie administrative et culturelle.

Il restait par ailleurs en lien avec la direction du Parti Démocratique du Kurdistan d’Iran à Paris.  Il a participé aux préparatifs du retour sur le terrain de son secrétaire général, le Dr Abdul Rahman GHASSEMLOU, et des membres du Comité central.

Membre du bureau politique du PDKI, kak Jalil a participé à deux reprises à des discussions de la délégation kurde avec l’Ayatollah Khomeini en mars et en mai 1979.

Acteur et témoin engagé de la cause kurde, kak Jalil a consacré plus de 70 ans de sa vie au combat pour les droits politiques et  culturels des Kurdes. Un engagement qu’il a retracé dans plusieurs livres sur l’histoire contemporaine des Kurdes en Iran.  

Jalil Gadani était aussi un ami fidèle de l’Institut kurde.  Il tenait, à chacun de ses passages à Paris, à nous rendre visite pour évoquer la situation au Kurdistan et parler de ses projets. Lors de la crise financière de l’Institut en 2015, il proposait de vendre sa voiture « son seul bien monnayable » pour participer à la campagne de soutien à l’Institut, proposition que nous n’avons évidemment pas acceptée.

Personnalité très populaire, Kak Jalil restera vivant dans la mémoire collective des Kurdes ainsi que dans celle des nombreux humanitaires français qui se sont rendus au Kurdistan.

Nous avons une pensée affectueuse pour sa famille et ses proches qui n’ont pas pu se rendre à ses funérailles en raison du contexte sanitaire.