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Assises du Rhône: 15 ans de réclusion requis contre quatre Tchétchènes


Mardi 23 février 2021 à 12h20

Lyon, 23 fév 2021 (AFP) — Une peine de 15 ans de réclusion criminelle a été requise mardi à Lyon contre quatre hommes de nationalité tchétchène, accusés d'avoir provoqué la mort d'un homme d'origine kurde en 2017 près de Lyon.

"Ils ont tous participé à égalité à une scène de violence unique, chaque accusé a commis un acte positif", a estimé l'avocat général Tristan Boffard, qui a aussi réclamé une interdiction définitive du territoire français.

Durant quatre jours de procès, la cour d'assises de Lyon a tenté de reconstituer une scène de violences confuse, qui s'est déroulée vers 3h30, le 1er avril 2017, à l'issue d'une soirée festive, à Saint-Priest.

Des images de vidéosurveillance montrent notamment une poursuite entre trois videurs tchétchènes et deux Turcs d'origine kurde, jusque dans un recoin sombre. Seule et immobilisée, la victime de 45 ans, a été tuée de trois coups de madrier portés à la tête.

Jugés pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, les quatre accusés ont tour à tour nié les faits, puis invoqué la légitime défense, affirmant qu'ils avaient été eux-mêmes agressés par un groupe turc, alors qu'ils étaient ponctuellement recrutés comme vigiles pour des soirées organisées par une association aux contours mal définis.

"Pour moi c'était un guet-apens", a témoigné vendredi l'amie de la victime, témoin direct de la scène, faisant écho au soupçon de la communauté kurde, qui voit dans l'agression mortelle un acte ciblé, ce qui n'a pas été étayé dans les débats.

L'avocat général a insisté sur "le poids de la culture" qui aurait pesé dans l'affaire.

Agés de 30 à 37 ans, les quatre Tchétchènes ont essuyé le refus de leur demande d'asile politique, après leur arrivée en France entre 2009 et 2012, avant de s'établir dans la région stéphanoise dans des conditions précaires, évoluant, selon M. Boffard, dans "un monde souterrain d'étrangers en situation irrégulière en marge de la société réglementée".

"Dans la culture tchétchène de l'honneur, quand une bagarre a commencé, elle ne peut s'arrêter que si l'adversaire est mis hors d'état de nuire. Ils ne respectent que la force", a-t-il ajouté.

"Ils vivent dans un squat et vivent d'expédients en espérant une régularisation", a déclaré l'avocat d'un accusé, Me André Buffard, plaidant l'acquittement.

Verdict attendu dans la soirée.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.