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Au Kurdistan irakien, un couvre-feu décrété contre le coronavirus


Samedi 14 mars 2020 à 13h19

Erbil (Irak), 14 mars 2020 (AFP) — La citadelle d'Erbil déserte, des tours de bureaux vides et des militaires masqués et gantés bloquant les rues: au Kurdistan d'Irak, les autorités ont décrété 48 heures de couvre-feu pour tenter d'endiguer l'épidémie du nouveau coronavirus.

Vendredi à minuit, les deux grandes provinces kurdes du nord irakien ont été placées sous couvre-feu.

"La circulation est interdite, les gens doivent rester chez eux (...) pour que les équipes médicales puissent faire leur travail" de désinfection, a annoncé dans un communiqué le ministère de l'Intérieur de la région, autonome depuis 1991.

Jusqu'ici, l'Irak a recensé 10 morts du nouveau coronavirus et 93 contaminations. Parmi eux, un imam de 70 ans --qui visitait mosquées et fidèles très régulièrement-- est mort à Souleimaniyeh, la deuxième ville du Kurdistan irakien. Au total, 28 personnes ont été contaminées dans la région.

A Souleimaniyeh, devant les rideaux de fer baissés des magasins, des hommes en tenue de décontamination aspergeaient samedi trottoirs et devantures de désinfectant. Ailleurs, des militaires faisaient rentrer chez eux les conducteurs qui s'aventuraient sur les avenues désertes et des ambulances et des véhicules de la défense civile quadrillaient les rues.

L'épidémie de Covid-19 inquiète particulièrement les Irakiens car elle a durement frappé l'Iran voisin, y faisant plus de 600 morts et 12.000 contaminés.

Le Kurdistan partage des centaines de kilomètres de frontière avec la République islamique, ainsi que de nombreux postes-frontières pour biens et personnes et surtout, des dizaines de points de passage informels où continuent de transiter voyageurs, pèlerins, hommes d'affaires et marchandises.

Les fêtes du Nouvel An persan tombent cette année du 19 mars au 3 avril et qui est habituellement célébré dans les montagnes du nord irakien. Elles pourraient faire les frais des annonces des autorités d'interdire les rassemblements, alors que des Kurdes d'Iran viennent traditionnellement participer aux festivités.

Les Irakiens s'inquiètent également de l'impact d'une épidémie de masse sur leur système de santé en pénurie chronique de médecins, de médicaments et d'hôpitaux.

Aucun couvre-feu n'a été déclaré dans le reste de l'Irak mais les provinces sont désormais fermées aux non-résidents. La plupart des vols vers l'Irak ont été annulés et les écoles, cinémas et centres commerciaux sont tous fermés.

Mais de nombreuses exceptions subsistent. Des mausolées chiites dans le sud sont restés ouverts sous la pression de dignitaires religieux ou politiques ainsi que des restaurants et magasins dans un pays où pots-de-vin et clientélisme sont courants.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.