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Erdogan déplore les mises en garde américaines contre une opération en Irak


Mardi 18 juillet 2006 à 14h54

ANKARA, 18 juil 2006 (AFP) — Les Etats-Unis ont prévenu mardi la Turquie qu'une intervention militaire unilatérale contre les bases des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak "ne serait pas sage", suscitant l'indignation d'Ankara qui évoque des doubles standards.

"Nous avons régulièrement affirmé que nous pensions qu'une action militaire unilatérale par delà la frontière avec l'Irak ne serait pas sage", a déclaré l'ambassadeur américain en Turquie Ross Wilson dans un entretien avec la chaîne de télévision NTV.

L'avertissement intervient après qu'Ankara eut appelé lundi Bagdad et Washington à agir contre les rebelles du PKK dans les montagnes du nord irakien et eut agité la possibilité, en cas de fin de non recevoir, d'une intervention de son armée.

Quinze membres des forces de sécurité turques ont été tués dans le sud-est anatolien à majorité kurde au cours de la semaine passée, mettant à l'épreuve la patience d'Ankara.

"Le PKK n'est pas seulement le problème de l'Irak du nord, c'est un problème en Europe et c'est un problème en Turquie", a affirmé M. Wilson.

"Aller s'occuper du PKK dans le nord irakien ne va pas régler le problème", a-t-il insisté. "Cela ne va pas conduire à ce que nous, l'Irak ou la Turquie voulons voir, c'est-à-dire la fin de ces activités terroristes et la fin des souffrances et des morts endurées par la Turquie".

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a promptement réagi à ces propos, mettant en exergue le soutien de Washington aux offensives militaires israéliennes en cours au Liban et dans les territoires palestiniens.

"Le terrorisme est du terrorisme partout", a-t-il martelé. "Il n'est pas possible d'être d'accord avec une mentalité bienveillante à l'égard des actes d'un pays A mais qui montre une attitude différente quant il s'agit d'un pays B".

Repoussant les avertissements de l'ambassadeur américain, M. Erdogan, a maintenu que la Turquie se tiendrait prête pour une éventuelle incursion militaire en Irak du Nord et a laissé entendre que des plans étaient déjà en cours d'élaboration.

"Au bout du compte, nous savons régler nos problèmes", a-t-il affirmé. "Les autorités compétentes travaillent en conséquence (...) Nous nous tenons prêts pour d'éventuelles évolutions".

Ankara reproche régulièrement à Washington l'inaction de ses troupes en Irak face aux rebelles du PKK.

M. Wilson a assuré que Washington avait enregistré "certains succès" dans le démantèlement des réseaux de financement du PKK et discutait avec Bagdad et les autorités régionales kurdes irakiennes de "la nécessité d'agir pour juguler les activités du PKK et son apparente liberté de manoeuvre".

Au moins 87 rebelles et 51 membres des forces de sécurité turques ont péri depuis le début de l'année dans le sud-est anatolien, selon un décompte de l'AFP.

Des rebelles kurdes ont également revendiqué 11 attentats à la bombe dans des zones urbaines qui ont fait au total 9 morts et près de 140 blessés.

Les combats entre forces de sécurité et PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne, ont fait plus de 37.000 morts depuis le début de l'insurrection en 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.