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Malgré les pressions, l'Iran a exécuté un prisonnier kurde (Défenseurs des droits humains)


Lundi 20 decembre 2021 à 16h20

Paris, 20 déc 2021 (AFP) — Malgré la pression internationale, l'Iran a exécuté dans le secret un Kurde accusé d'appartenance à un parti interdit, ont dénoncé lundi plusieurs ONG, critiquant des aveux extorqués selon elles après un procès qualifié d'"inéquitable".

Heidar Ghorbani a été exécuté dimanche matin à la prison de Sanandaj, dans la province du Kurdistan, dans l'ouest de l'Iran, a déploré l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, ajoutant que ni sa famille ni son avocat n'avaient été avertis au préalable.

L'agence de presse iranienne IRNA a confirmé l'exécution, décrivant M. Ghorbani comme un "terroriste" et un membre du Parti Démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI), groupe armé interdit qui vise l'autodétermination pour les minorités kurdes d'Iran.

En septembre, des experts des droits de l'Homme de l'ONU avaient exhorté l'Iran à annuler sa condamnation à mort en raison des "graves préoccupations" suscitées par l'absence de procès équitable et des tortures en détention provisoire.

L'ONG Amnesty International avait également demandé que sa vie soit épargnée, affirmant que son procès avait été émaillé de "violations" et qu'il était "manifestement inéquitable".

Heidar Ghorbani a été reconnu coupable et condamné à mort en 2020 en lien avec le meurtre en 2016 de trois hommes liés à la milice pro-gouvernementale Bassij, selon les ONG. Il était emprisonné depuis octobre 2016.

Il était accusé d'avoir fourni un transport et un soutien logistique pour les meurtres. La justice a toutefois reconnu qu'il n'avait jamais été armé.

"Le cas de Heidar Ghorbani était tellement entaché par des anomalies et l'absence de toute preuve crédible que l'horreur de son exécution n'en est que plus grande", a déclaré à l'AFP Raha Bahreïni, une chercheuse d'Amnesty International spécialiste de l'Iran.

"Cela renforce une tendance alarmante des autorités iraniennes à procéder à des exécutions en secret ou dans des délais réduits afin de minimiser les chances d'interventions publiques et privées pour sauver la vie des gens", dit-elle.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des foules se rassemblant dimanche pour une commémoration en son honneur dans sa ville natale de Kamyaran, scandant: "Les martyrs ne meurent pas".

"Heidar Ghorbani a été soumis à la torture et condamné à mort sans procédure régulière et sans aucune preuve", a en outre dénoncé Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur d'IHR. D'après cet ONG, le dossier du condamné était encore en cours d'examen par la Cour suprême.

Amnesty International avait déjà déploré l'apparition de M. Ghorbani après son arrestation dans un documentaire diffusé en 2017 par Press-TV, une chaîne d'Etat iranienne en langue anglaise.

Les ONG de défense des droits de l'Homme critiquent la pratique des médias publics iranien consistant à diffuser les "aveux" de condamnés dont elles craignent qu'ils n'aient été extorqués sous la torture.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.