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Otan: ce qu'il faut savoir sur les candidatures de la Finlande et de la Suède


Lundi 27 mars 2023 à 18h57

Helsinki, 27 mars 2023 (AFP) — Après des décennies à l'écart des alliances militaires, la Finlande et la Suède ont annoncé leur candidature historique à l'Otan en mai dernier, du fait de leur l'inquiétude vis-à-vis de la Russie après l'invasion de l'Ukraine.

Lundi, le Parlement hongrois a ratifié l'entrée de la Finlande et le feu vert du Parlement turc pourrait suivre dans les prochains jours. La Suède, elle, attend toujours ces deux dernières ratifications, qui virent au chemin de croix diplomatique.

- Un tournant historique -

L'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022 a marqué un tournant dans les opinions des deux pays, en particulier pour la Finlande qui partage avec la Russie une frontière de près de 1.300 kilomètres et un passé douloureux.

Alors que le soutien à une entrée dans l'Otan tournait autour de 20 à 30% depuis près de deux décennies, 82% des Finlandais y sont désormais favorables, selon un sondage de février, tout comme plus de 60% de Suédois.

Dans les deux pays, de nombreux partis ont changé de position sur la question et les votes d'adhésion au Parlement en mars ont donné lieu à des plébiscites.

- Turquie et Hongrie freinent l'adhésion -

Malgré les "bras ouverts" du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg pour les accueillir, la voie pour entrer dans l'Otan s'avère bien plus compliquée que prévu.

Dès mai dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan prévient qu'il ne prévoit pas de donner le feu vert d'Ankara, accusant les deux pays, et notamment la Suède, de servir de havre à des "terroristes" kurdes.

Un accord préliminaire est obtenu lors du sommet de l'Otan à Madrid en juin 2022, mais le veto turc revient vite.

Déjà compliquée par des extraditions que la justice suédoise refuse, la situation vire à la crise diplomatique en janvier quand un extrémiste brûle un Coran près de l'ambassade de Turquie à Stockholm.

Après une suspension des négociations, le président Erdogan annonce mi-mars que la Turquie ne ratifiera que l'adhésion de la Finlande. Le blocage demeure donc avec la Suède, à l'approche d'élections en Turquie mi-mai.

Parmi les 29 autres pays membres de l'Otan - dont le soutien de chacun est impératif -, un autre tarde à donner son feu vert: la Hongrie du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.

Après des mois à décaler la date du vote de son Parlement, Budapest n'a ratifié que ce lundi l'entrée de la Finlande, la Suède devant suivre "plus tard".

Une fois la ratification turque obtenue, la Finlande n'aura plus pour devenir membre de l'Otan qu'à envoyer ses "instruments de ratification" à Washington, où le traité de l'Alliance est conservé.

- Neutralité et non-alignement -

Cédée par la Suède à la Russie en 1809 à la suite d'une lourde défaite militaire, la Finlande profite des troubles de la révolution bolchévique de 1917 pour proclamer son indépendance.

Envahie par l'Union soviétique en 1939, le pays résiste vaillamment lors des trois mois de la Guerre d'Hiver. Mais après la reprise du conflit en 1941 et l'opération Barbarossa, la Finlande, dans le camp des vaincus, est contrainte à un armistice en 1944.

Au terme d'un traité "d'amitié" signé en 1948 sous la pression de Moscou, Helsinki accepte de rester en dehors de la coopération militaire occidentale, dans une forme de neutralité forcée restée sous le nom de "finlandisation".

Après la chute de l'Union soviétique, la Finlande et la Suède adhèrent à l'Union européenne (1995) et au Partenariat pour la paix de l'Otan, mais restent officiellement militairement non-alignées.

Si elle a participé à des missions militaires en Afghanistan ou au Mali, la Suède n'a pas été en guerre depuis un conflit en 1814 avec la Norvège.

- Des budgets militaires à la relance -

Durant la Guerre froide, Suède et Finlande consacrent d'importants moyens (4 à 5% de leur PIB) à leurs armées, conséquence de leur absence d'alliés.

Avec la disparition de la menace soviétique, toutes deux réduisent leurs crédits, mais la Finlande maintient un recours massif aux réservistes.

Avec ses 5,5 millions d'habitants, le pays peut ainsi compter sur une armée en temps de guerre de 280.000 soldats aptes au combat, une force exceptionnelle pour une nation européenne.

La Suède a, elle, davantage désinvesti, ses dépenses militaires passant de 2,6% du PIB en 1990 à 1,2% en 2020. Mais le pays a inversé la tendance depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

Le service militaire obligatoire, supprimé en 2010, a été réintroduit en partie en 2017.

Les deux pays ont annoncé d'importants investissements militaires depuis le début de la guerre en Ukraine et sont considérés par l'Otan comme un renfort massif pour son flanc nord-est.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.