En Iran, la répression des manifestations en faveur de Mahsa Amini inquiète la communauté internationale

mis à jour le Mardi 20 septembre 2022 à 16h44

 Le Monde avec AFP 

Une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, a précisé que, selon certaines informations « deux à cinq personnes [avaient] été tuées », lors de manifestations pour dénoncer la mort de la jeune femme.

L’ONU s’est inquiétée, mardi 20 septembre, de la violence de la répression des autorités iraniennes contre les manifestations protestant contre la mort de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée par la police des mœurs.

La Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme par intérim, Nada Al-Nashif, a déclaré dans un communiqué :

« La mort tragique de Mahsa Amini et les allégations de torture et de mauvais traitements doivent faire l’objet d’une enquête rapide, impartiale et efficace par une autorité compétente indépendante, qui veille, en particulier, à ce que sa famille ait accès à la justice et à la vérité. »

La police a « tiré à balles réelles »

Une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, a précisé que « deux à cinq personnes [avaient] été tuées, selon certaines informations », lors de manifestations pour dénoncer la mort de la jeune femme dans plusieurs villes du pays, y compris la capitale Téhéran. Elle a ajouté que la police avait « tiré à balles réelles » et fait usage de gaz lacrymogène.

Mme Al-Nashif a aussi souligné que les lois sur le port obligatoire du voile restent préoccupantes en Iran, où apparaître en public sans hijab est passible d’une peine d’emprisonnement.

Un parlementaire iranien, dans une prise de position inhabituelle, a critiqué la police des mœurs dont les actions sont controversées. « Gasht-e Ershad [patrouille d’orientation] n’obtient aucun résultat, sauf causer des dommages au pays », a déclaré le député Jalal Rashidi Koochi à l’agence de presse ISNA.

« Le principal problème, c’est que certaines personnes ne veulent pas voir la vérité (…). Est-ce que les gens qui sont conduits par cette police d’orientation à ces séances d’explications reprennent conscience et se repentent quand ils en sortent ? », a interrogé le député.

Dans un message sur Twitter, le gouverneur de Téhéran, Mohsen Mansouri, a estimé mardi que les rassemblements de Téhéran étaient « organisés avec l’objectif de créer des troubles. Brûler le drapeau, verser du diesel sur les routes, jeter des pierres, attaquer la police, mettre le feu à des motos et des poubelles, détruire des biens publics, etc., ne sont pas l’affaire de gens ordinaires ».

Des politiques français soutiennent les femmes mobilisées

Plusieurs dirigeants politiques français, dont la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, ont apporté mardi leur soutien aux femmes iraniennes. « Mahsa Amini avait 22 ans et voulait seulement vivre libre. Aujourd’hui, elle n’est plus. En Iran, le courage est féminin. Il est celui de toutes ces femmes qui se lèvent aujourd’hui au nom de leur liberté. Leur combat est le nôtre », a écrit Yaël Braun-Pivet sur Twitter.

 

 

« Soutien aux femmes iraniennes qui se battent pour leur liberté. Bouleversée par le meurtre barbare de Mahsa Amini ! », a réagi, également sur le réseau social, la présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France et ex-candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a aussi pris fait et cause sur Twitter « pour Mahsa Amini et pour toutes les autres femmes qui rêvent de liberté et d’égalité ».

Originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest du pays), Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre alors qu’elle était à Téhéran en visite avec sa famille. Elle est décédée vendredi à l’hôpital après trois jours passés dans le coma.

Selon les autorités iraniennes, la jeune femme est morte de causes naturelles, mais, selon des informations relayées par le Haut-Commissariat, elle a été violemment frappée à la tête et sa tête a été cognée contre un véhicule de la police des mœurs.