Chasse aux sorcières sans voile à Téhéran

mis à jour le Jeudi 2 novembre 2023 à 17h54

Le Canard enchaîné

ELLES AVAIENT pourtant expliqué qu'elles n'avaient « fait que [leur] travail » de journalistes ... Détenues depuis septembre 2022 dans la sinistre prison d'Evin, à Téhéran, Elaheh Mohammadi, 36 ans, reporter pour le quotidien « Ham Mihan », et Niloofar Hamedi, 31 ans, rédactrice au journal « Shargh» , ont été condamnées respectivement à douze et treize ans de prison pour collaboration avec les États-Unis, complot contre la sécurité du pays et propagande contre la République islamique.

Quel est donc le crime de ces suppôts de Shaitan ? Avoir dévoilé la vérité qui fâche sur la mort dans un commissariat de l'étudiante kurde Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, trois jours après son arrestation par la police des mœurs islamiques pour mauvais port du voile. La fameuse mort de trop qui a déclenché en Iran le vaste mouvement de protestation Femme, vie, liberté ... Ces peines de prison constituent, mieux qu'un prix, un hommage rendu à ces deux journalistes par la République des ayatollahs. Pour boucler la boucle étranglant la liberté d'expression, l'avocat de Mahsa Amini a lui-même écopé, le 17 octobre, d'un an de prison pour avoir parlé de l'affaire dans des médias nationaux et étrangers. Tandis qu'à Strasbourg sa défunte cliente Mahsa Amini se voyait honorée à titre posthume du prix Sakharov, la plus haute distinction de l'Union européenne pour les droits de l'homme ...

Le 22 octobre à Téhéran, la lycéenne de 16 ans Armita Garavand, ramassée inconsciente le 1 e, octobre dans une rame de métro après s'être fait alpaguer sans voile par la même police des mœurs, a été déclarée en état de mort cérébrale. Encore de la propagande contre la République islamique.

DF