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Cynisme
Une trahison. Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier l’attitude de Donald Trump à l’égard de ses alliés kurdes. On ne sait si le retrait américain de la zone frontalière sera confirmé : cette perspective rencontre une forte opposition au sein de l’administration américaine. Mais l’intention du Président n’est pas douteuse : il veut abandonner les Kurdes à leur sort.
Rappelons-nous. Quand les alliés ont voulu empêcher les terroristes de l’Etat islamique de s’installer dans leurs terres de conquête, il a fallu trouver des soldats capables d’affronter les islamistes sur le terrain. Les puissances occidentales ne souhaitaient pas déployer des troupes au sol, en dehors de quelques centaines de combattants des forces spéciales : elles se sont tournées vers les Kurdes. Dans leur intérêt, bien sûr, mais aussi dans celui des Occidentaux, ces soldats courageux se sont retrouvés en première ligne. C’est en grande partie grâce à leur abnégation et à leur efficacité que les enclaves créées par Daech sont tombées une à une.
Et voici que pour toute reconnaissance, les Etats-Unis, mollement désapprouvés par les Européens - notamment les Français, pourtant proches des Kurdes -, envisagent très sérieusement d’abandonner purement et simplement leurs alliés aux coups de l’armée turque. Cynisme et double jeu : tels sont les principes qui gouvernent cette trahison annoncée. Nul simplisme dans ce diagnostic. On sait que la Turquie, depuis des lustres, redoute plus que tout la constitution d’un embryon de Kurdistan autonome à sa frontière, qui servirait de point d’appui et de référence à la forte minorité kurde présente sur son sol. Mais cette affaire complexe est justiciable d’une négociation entre les parties, qui assurerait la sécurité de nos alliés. On prévoit la désertion. Elle resterait comme une tache sur l’honneur des démocraties.
L'Express | Par Vincent Hugeux | Le 16/10/2019
Gilles Dorronsoro, Professeur de science politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, porte sur ce conflit un regard incisif
Il faudra un jour se pencher sur les noms de code ô combien paradoxaux des offensives militaires aéroterrestres transfrontalières. Après « Bouclier de l’Euphrate » (août 2016), puis « Rameau d’olivier » (janvier 2018), la Turquie de Recep Tayyip Erdogan a lancé, le 9 octobre, « Source de paix ». Tout sauf une surprise. Sourd aux menaces de rétorsion et aux objurgations plus ou moins sincères…
Challenges Actu | avec AFP | Le 15/10/2019
Le fils de Jawaher est mort en Syrie dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Aux funérailles de combattants tués au cours de l'offensive de la Turquie, pleine d'amertume mais résignée, elle rappelle que les Kurdes ont toujours été trahis.
La Croix | Par Anne-Bénédicte Hoffner et Olivier Tallès | Le 15/10/2019
Au sixième jour de l’intervention turque dans le nord de la Syrie, les milices kurdes et le régime syrien ont annoncé, dimanche 13 octobre au soir, avoir signé un accord. Alors que les armées syrienne et turque n’étaient plus qu’à quelques kilomètres l’une de l’autre, lundi 14, tous les regards convergent vers la Russie, seul vrai arbitre du conflit.
Liberation.fr | Par Wilson Fache, envoyé spécial | 15/10/2019
Lâchés par Washington, les combattants kurdes ont annoncé dimanche avoir conclu un accord avec Damas pour contrer l’offensive du régime d’Erdogan dans le nord de la Syrie. Au moins 130 000 civils ont déjà fui les combats. «Libération» est allé à la rencontre des habitants, désespérés et en colère.
lefigaro | Par Samuel Forey | Le 15/10/2019
GRAND REPORTAGE - Notre envoyé spécial a vécu dans cette ville les quelques jours qui ont vu s’envoler le rêve kurde d’une région autonome.
Envoyé spécial à Qamishli
Il est arrivé dans l’après-midi, ne sait plus très bien quand, tout est confus après cette frappe qui l’a blessé, à 6 heures, ce dimanche matin. Le filet de voix qui sort de sa gorge, ses traits tendus, ses yeux vagues, sa peau sèche — sur son brancard, le corps entier de Delil Hassakeh raconte les durs combats dont il vient de réchapper. Il sort de Ras al-Aïn. La petite ville, tout contre la frontière, est l’un des points d’entrée de l’offensive turque en Syrie.
L'Express: | Edito parCHRISTIAN MAKARIAN | 16/10/2015
«Il est temps pour nous de sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales. » Par ces mots méprisants, qui font fide toute vision stratégique, Donald Trump a décidé, après un entretien téléphonique avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, le retrait des troupes américaines stationnées dans le nord de la Syrie.